Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Un chercheur bien solitaire
9 janvier 2012

De l'importance de croire

J’ai été élevé dans la religion judéo-chrétienne comme la plupart des français. Jusqu’au début de mon adolescence, j’avais la bible comme livre de chevet et je récitais « Le notre Père » et le « Je vous salue Marie » tous les soirs avant de m’endormir. A l’adolescence, j’ai eu de réelles difficultés familiales. J’en appelais à Dieu afin de m’aider à les surmonter. Je me mettais à genoux sur mon lit les deux mains jointes, les poings serrés pour le prier de toutes mes forces. Mais je n’avais aucune réponse. Face à ce désarroi spirituel, j’ai pris la décision de ne plus croire en Dieu. Et par la même de ne plus croire en rien.

Ma mère, elle, croyait en Dieu. Elle le priai avec ferveur tous les soirs. De mon côté, j’avais troqué ma bible contre des lectures plus « rationnelles ». J’essayais de trouver des réponses à mes angoisses existentielles. Ainsi, je me perdais corps et âme dans la psychologie, le développement personnel, la philosophie. Lorsque je vivais avec ma mère, nous avions des discussions théologiques passionnées. Elle ne supportait pas l’idée que j’avais banni Dieu de mon existence. Je me souviens de l’un de mes arguments favoris pour lui ouvrir les yeux sur « la bêtise » de ceux qui voulaient croire en Dieu. J’avais une théorie qui démontait à mes yeux les fondements du christianisme et de toutes religions monothéistes. Elle se résumait en ces quelques lignes:

« Face aux difficultés de la vie, les hommes de tous temps ne se sentaient pas capables d’affronter ces plaies de l’existence. Que ce soit d’ordres naturelles, sociales ou personnelles. Ils ne pouvaient pas accepter leur impuissance à tout contrôler et refusaient de voir leurs responsabilités humaines. Ainsi, inconsciemment ou non, ils ont mis leur vie entre les mains d’un être supérieur, omniscient qui lui, avait le pouvoir de tout contrôler. Un être tout-puissant. Mais cette entité devait rester impalpable, immatérielle. Hors de portée de la race humaine. Ainsi est né, selon moi, la nécessité de croire. »

Pourtant, quelque chose se mit à germer dans mon esprit, à ébranler mes certitudes face à la spiritualité. Dans une émission télévisée regroupant des hommes et des femmes ayant la foi et devisant ensemble, je vis le bonheur. De religions différentes, ces personnes respiraient la plénitude. Leur présence-même, par-delà l’écran du téléviseur, me donnait un sentiment de paix intérieure.

Après avoir rejeté toute spiritualité de mon existence, voilà que je commençais à envier les croyants. Leur faculté à croire sans réponses rationnelles. Leur force émanent de cette certitude qu’il n’était pas seul. Ainsi, je me suis poser la question: « Comment croire à nouveau? »

A l’époque mon goût pour la philosophie orientale grandissait. J’étudiais avec avidité tout ce qui se rapportait au bouddhisme. Cette « religion sans dieu » me séduisait au plus haut point. Le fait qu’un homme ordinaire, Siddharta Gotama, qui aurait vécu en Inde au sixième siècle avant J-C, ne supportant plus de voir la souffrance humaine, se mît en quête de trouver un remède à cette souffrance. Ainsi, il se mit à méditer, dans la position « zazen », en s’efforçant d’arrêter le fleuve de ses pensées. C’est ainsi qu’il parvient « à la compréhension totale de la nature et des causes de la souffrance humaine. Il précise que son illumination est possible pour tous les êtres. » Le fait que ce bonheur soit accessible, sans être un dieu soi-même, mais un être humain ordinaire, me conquis. Je me mis donc en quête d’apprendre la méditation. Seul moyen pour moi d’atteindre la paix de l’esprit. Ayant peur des courants sectaires s’accaparant ces philosophies « à la mode », j’appris à nouveau en autodidacte.

Après des mois de lecture, je me mis donc à la pratique. Au début, ce ne fut pas aisé. C’est avec la certitude que la méditation pouvait m’aider que je parvins à dépasser mes doutes. En parallèle, je continuais à lire des ouvrages sur l’expérience de méditants afin de me donner du courage. Il me fallut quelques mois pour voir des résultats. Je me souviens surtout d’une expérience qui m’a bouleversé:

Nous étions au milieu de l’été. Cela faisait quelques jours que je pratiquais mes séances de méditation dans mon jardin. Le fait d’être « au milieu de la nature » conférait à ma pratique une intensité particulière. Ainsi, à la fin d’une méditation, je regardai autours de moi. Je vis la pelouse sur laquelle je reposais, les feuilles de ma haie qui m’entouraient. Je me sentais vraiment bien. Dans une béatitude que je n’avais jamais connu. Toute cette nature qui m’entourai n’était plus à l’extérieur de moi. Je me sentais fait de la même substance. J’étais en communion avec la nature. J’avais lu cette expression « ne faire plus qu’un avec la nature » sans jamais vraiment la comprendre. Cette expérience m’a permis d’éprouver cet état d’être. Je ne saurai dire combien de temps cela a duré, mais l’état de conscience dans lequel j’étais s’est dissipé.

Par la suite, j’ai vécu des expériences similaires, mais de moindres intensités. Selon les maîtres bouddhistes, lorsque l’on a vécu ces expériences particulières, il n’est pas bon de se remettre à la méditation en cherchant à tout prix à les rééprouver. Cela ne peut engendrer que frustration et découragement.

Ces derniers mois, ma pratique de la méditation zen a été quotidienne. Elle m’a permis de garder la tranquillité de l’esprit et m’a donner la force de tenir face à la perte d’un être très cher à mon cœur.

Ma quête de spiritualité n’est pas terminée. En parallèle à la pratique de la méditation, j’étudie le Taoisme. Cette « philosophie » nous apprend à contempler la nature et à y puiser ses enseignements. Que chaque être vivant sur cette terre, de la plus minuscule des cellules à l’être humain, a une mission. Elle lui donne une direction à sa vie, un sens. Ce qui est pour ma part très réconfortant.

Ainsi, depuis mes douze ans jusqu’à mes trente-quatre ans aujourd’hui, je n’ai finalement pas cesser de croire. Je n’ai pas perdu l’espoir. Selon moi, l’important n’est pas de croire en Dieu, Allah ou Bouddha. L’important c’est de tout simplement croire. Cette faculté peut nous donner une force peu commune face aux vicissitudes de la vie. Et ce qui reste pour moi le plus important: Cette faculté que nous avons à croire peut nous donner un sens, une direction à notre vie. Libre à nous de la suivre ou non.

Publicité
Publicité
Commentaires
Un chercheur bien solitaire
Publicité
Publicité